Loup charognard - Séquence 7

Titre : Le loup est (aussi) un charognard : un animal carnivore n'est pas nécessairement un prédateur

Source : Projet CanOvis - IPRA

Description : « Les loups sont des prédateurs souples et opportunistes mais ils comptent généralement sur les ongulés de grande taille qu’ils n’ont d’ailleurs pas toujours besoin de tuer pour se nourrir. Peterson dit avoir récupéré des fèces de loups pleines d’asticots après qu’ils aient consommé des carcasses avariées d’élan, abandonnées alors qu’elles étaient desséchées depuis des mois ». (Peterson-Ciucci. « Les loups en tant que carnivores », dans Mech-Boitani (2003) Les loups University of Chicago Press, traduction C et R Igel, p.104) Le charognard se nourrit de cadavres d’animaux morts plus ou moins récemment, dans un état de décomposition plus ou moins avancé. Le loup en tant que carnivore consomme régulièrement sur des carcasses d’animaux sauvages ou domestiques qu’il a lui-même prédaté (précédemment ou non).

Ces images et vidéos sont propriété de l'IPRA, toute utilisation et reproduction est interdite sauf autorisation expresse et contractuelle. Nous contacter


La tournée des carcasses

Les longs suivis que permettent les terrains enneigés mettent parfois en évidence l’intérêt des loups pour ces charognes qu’ils visitent régulièrement et dont parfois il ne reste vraiment pas grand-chose (quelques vieux os délavés !) Seuls ou en groupe, il apparait même que les loups organisent de véritables et méthodiques « tournées des carcasses ».

A rogner exclusivement des vieux os, les loups peuvent produire des crottes très « calcifiées »

Lors de nos observations auprès des troupeaux, le loup charogne régulièrement des restes de moutons, morts de maladie, d’accident, avortements … et bien sûr de prédation (par lui ou l‘un de ses congénères). Certains individus semblent plus attirés par les diverses carcasses qui parsèment l’alpage que par les animaux vifs du troupeau, même si ces charognes sont défendues par les CPT.

Ces loups « qui vont droit au but » en arrivant sur l’alpage, possèdent visiblement une cartographie précise des carcasses en présence. Outre l’opportunité d’une prédation, leurs nombreuses visites aux troupeaux leur permettent également d’actualiser leur catalogue de carcasses nouvellement disponibles.

Début décembre dans le Mercantour, la meute déneige quelques morceaux de carcasses (chamois + moutons) Le gain énergétique n’est pas garanti !

Extrait n°1 : Charognage d’un loup sur une carcasse d’agneau

Un loup consomme 40 mn sur les maigres restes d’un agneau mort de maladie aux abords d’un parc de nuit, deux semaines plus tôt.


Compétition entre loup et CPT

Nous avons pu observer plusieurs interactions entre loup et CPT autour de carcasses récentes de mouton. Généralement le chien « défend » le cadavre. Défense de propriété (c’est son mouton) ou défense de ressource (c’est son casse croute) la limite est souvent flou, les deux intentions peuvent visiblement se méler. Les joutes entre les deux canidés peuvent être longues et animées (voir Séquence 4 : « Face à face »). L’issue de la confrontation est très variable, de la mise en fuite définitive du loup à la capitulation du chien qui (résigné ?) observe alors le loup consommer. Un moindre mal dans la mesure où l’on à vu à l’inverse, des loups tenter des attaques au troupeau faute d’avoir pu accéder à une carcasse !

Extrait n°2 : Interaction loup-CPT autour d’une carcasse de brebis

Une brebis est morte sur un lieu de couchade (parc en filets électrifiés). La nuit suivante, sur ce site inutilisé par le troupeau, un loup et un CPT se disputent la carcasse.

Durant 1h30, le chien tient le dessus puis finalement cède le terrain au loup insistant qui va consommer à peine plus de 7 mn. Entre temps, il aura « découragé » un autre CPT, rendu visite à l’âne (peu impressionné) et à la cabane pastorale toute proche.


Scent-rolling

Si la carcasse visitée par le loup est encore odorante, il peut réaliser une action de scent-rolling (se frotter, glisser, rouler sur un objet « parfumé »: carcasse, crotte, urine …) afin, selon les intreprétations proposées, marquer de son odeur cette carcasse (marquage territorial), s’enduire de l’odeur de la carcasse pour ramener au reste du groupe l’info d’une ressource alimentaire disponible ou encore dissimuler sa propre odeur pour échapper à la vigilance de ses futures proies (camouflage olfactif). Certains chiens, au grand désaroi de leur propriétaire, ont conservé ce comportement !

Extrait n°3 : Scent-rolling de 2 loups sur une carcasse de bouc

Deux loups réalisent un long scet-rolling sur une carcasse d’un bouc de chèvre en fort état de décomposition (suite à une prédation) L’odeur est insoutenable (pour un homme !) on n’ose imaginer la signature olfactive des loups après leur « bain parfumé ».


Réalisées dans le cadre du suivi nocturne du projet CanOvis, ces images présentent un caractère exceptionnel. Elles fournissent des données qui confirment certaines connaissances déjà établies mais révèlent également des informations inédites sur les interrelations entre loups, troupeaux et système de protection, qu’il convient d’aborder avec prudence et rigueur scientifique.

Tags: Vidéos CanOvis

Who are we?

L’IPRA (Institut pour la Promotion et la Recherche sur les Animaux de protection) a été créé en 1997 par Jean-Marc Landry, biologiste et éthologue, à la suite du retour du loup en Suisse et l’introduction des premiers chiens et ânes de protection.

Son objectif ? Trouver des solutions adaptées pour permettre une cohabitation durable entre le pastoralisme et les carnivores.

Read more

Contact us

Jean-Marc LANDRY
06 79 32 84 45

Jean-Luc BORELLI
06 84 75 05 13

SUISSE
Rue de Bonnefille 1
bât. des Gentianes 5
1972 Anzère (Ayent), Valais

FRANCE
1930 route du pontet
74300 La Frasse, Haute-Savoie

Send email

Copyright © - IPRA LANDRY - All rights reserved
Web conception 2018 - Gus LYON